Le fleuve a la parole

H2wOe

Synopsis/contenu du film

« Le Fleuve a la Parole » fait référence au fleuve Sénégal. Ce fleuve prend sa source en Guinée avant de traverser le Mali, la Mauritanie et le Sénégal. Le bassin s’étend sur environ 300 000 km2 et comprend 5,6 millions d’habitants. Ce film documentaire, qui date de 2012, traite de l’élaboration du Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SDAGE) du fleuve dans ces 4 pays.

Au début des années 1970, une grande sécheresse a eu lieu et un organisme international a été créé pour maîtriser et exploiter rationnellement les ressources du fleuve Sénégal. Cet organisme, « l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS) », rassemble les 4 états riverains du bassin du fleuve Sénégal dans un cadre de concertation et de coopération qui vise une meilleure gestion des ressources en eau.

Pour définir sa stratégie de valorisation et de protection des ressources sur le long terme, l’OMVS a mis en place une démarche d’élaboration d’un SDAGE. L’organisme a cherché à associer les populations à la rédaction de ce document afin qu’elles en comprennent le contenu et qu’elles puissent également donner leurs points de vue. Des actions d’animations sur le terrain ont été instaurées pour permettre une participation effective de la population.

Le film présente d’abord succinctement les différentes phases de l’élaboration du SDAGE menées par les animateurs de terrain, les méthodes déployées pour faire participer les populations, ou encore les difficultés rencontrées dans cette tâche. Dans un second temps, les pratiques des populations actuelles, et les méthodes de l’OMVS pour les améliorer sont présentées.

Analyse critique

Ce film de vingt-six minutes est avant tout une vidéo promotionnelle du travail de l’OMVS et des engagements internationaux de l’Agence Française de Développement (AfD). La durée du film ne permet pas de juger de façon pertinente le contenu du dispositif présenté. Produit par les parties prenantes, le documentaire n’apporte pas de regard critique. Il illustre néanmoins les différentes étapes d’un projet de grande ampleur.

Le film se concentre principalement sur l’aspect participatif de l’élaboration du SDAGE du fleuve Sénégal avec les principaux bénéficiaires, les populations rurales qui vivent aux abords du fleuve. Il expose différentes démarches pour les inclure. En revanche, il ne leur donne jamais la parole. Les seules personnes interviewées sont les responsables de l’OMVS et les animateurs locaux. La démarche d’inclusion des populations, bien que mise en avant, aurait pu être rendue plus crédible avec des témoignages de leur part.

L’animation, la sensibilisation et la médiation sont des thématiques valorisées dans ce film. Plusieurs méthodologies sont présentées pour inclure la population dans des démarches de planification tel qu’un SDAGE. Cependant, la réelle portée participative peut être questionnée dans ce film. En effet, le film ne s’attarde pas sur l’intégration effective des propositions émises par les habitants dans la version finale du SDAGE. L’objectif d’inclure les populations locales dans le processus de rédaction peut donc s’avérer être simplement un outil de communication pour présenter les actions de l’OMVS. La visée participative serait alors uniquement un moyen de communication avec les communautés rurales, voire même une forme de manipulation pour « remodeler les comportements » vis-à-vis de l’eau.

Il est regrettable que le film se concentre uniquement sur la forme du SDAGE et pas sur le fond. Celui-ci a été finalisé trois ans avant la production du film et des éléments sur les enjeux et objectifs du SDAGE auraient permis de mieux cerner le contexte. Le document prévoyait par exemple à l’horizon 2025 :

  • Le lancement d’un programme d’aménagement du bassin ;
  • Une gestion durable et résiliente de la ressource en eau et de ses usages ;
  • La mise en place d’un système de veille sanitaire pour l’épidémie de bilharziose ;
  • Le renforcement d’ouvrages d’adduction en eau potable.

Afin d’évaluer le SDAGE, l’AFD a publié un rapport en décembre 2019 [1]. Ce rapport mentionne tout d’abord une réussite concernant son élaboration selon la méthode participative. En revanche, le bilan est tout de même mitigé. Les objectifs initiaux, aussi bien au niveau des infrastructures qu’au niveau de la santé, étaient trop ambitieux au regard des moyens techniques et humains dont disposait l’OMVS.

(Avec la contribution de Manon Desmurs et Evaelle Alexandre)

 

Références biblio pour aller plus loin sur le sujet

 [1] www.afd.fr/fr/ressources/resume-devaluation-appui-omvs-pour-la-gestion-integree-des-ressources-en-eau

 [2] www.pseau.org/outils/ouvrages/afd_omvs_sdage_schema_directeur_d_amenagement_et_de_gestion_des_eaux_guide_de_vulgarisation_phase3_2013.pdf

[3] www.pseau.org/outils/ouvrages/pndl_guide_de_planification_participative_locale_2012.pdf

 

Additional Info

  • Director: Nicolas Anglès d’Ortoli
  • Producer: AFD - Agence Française de Développement - Paris / OMVS - Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal
  • Language: French
  • Subtitles: English
  • Year: 2012
  • Duration (min): 26
  • Theme: Water-food-energy nexus, Water governance, Transboundary waters, Rivers
  • Access: Free
  • Country: Senegal
  • Technical quality (star): Technical quality (star)
  • Academic interest (star): Academic interest (star)
  • Societal interest (star): Societal interest (star)
  • Technical quality: 3
  • Academic quality: 1
  • Social interest: 4